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Pourquoi l’école « facultative » jeudi et vendredi fait grincer des dents chez les profs

Pourquoi l’école « facultative » jeudi et vendredi fait grincer des dents chez les profs

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Pourquoi l’école « facultative » jeudi et vendredi fait grincer des dents chez les profs

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Une classe de maternelle à Paris en 2018. — D.Bancaud/20minutes
Jean Castex a suggéré ce mardi que les enfants qui le peuvent n’aillent pas à l’école jeudi et vendredi, afin de limiter les risques de contamination à Noël, reprenant à son compte une recommandation du Conseil scientifique.
Une annonce qui a suscité l’ire des enseignants, qui y voient une forme de mépris du gouvernement envers leur travail.

​Voilà une nouvelle qui réjouit les enfants, mais bien moins les parents et les enseignants. Le Premier ministre a annoncé ce mardi sur Europe 1 que les parents pourraient ne pas envoyer leurs enfants à l’école jeudi et vendredi, pour éviter les contaminations au Covid-19 lors des retrouvailles en famille lors des fêtes de fin d’année. Cette mesure concerne aussi bien les écoliers que les collégiens et les lycéens. Les parents devront toutefois prévenir les établissements scolaires. Une décision qui fait écho à une note du Conseil scientifique lundi, qui conseille à ceux qui souhaitent passer des fêtes en famille de s’autoconfiner pendant une semaine.

Du côté des enseignants, cette annonce a pour le moins irrité. D’abord par ce qu’elle sous-entend : « C’est une manière pour le gouvernement d’acter qu’il y a un risque fort de contamination dans les établissements scolaires. Alors même qu’en septembre, Jean-Michel Blanquer répétait qu’un enfant était plus en sécurité à l’école que chez lui. Or, nous savons qu’il y a des clusters dans les établissements scolaires et nous réclamons un protocole sanitaire plus strict depuis des mois, sans être entendus », tempête Guislaine David, co-secrétaire générale du Snuipp-FSU, premier syndicat du primaire. « Les enseignants en ont ras le bol des annonces surprises et incohérentes », fulmine aussi Stéphane Crochet, secrétaire général du Se-Unsa.

« Chaque jour d’école compte »

Le fait de laisser le choix aux parents de mettre leurs enfants à l’école ou pas fait aussi tiquer. « Le signal envoyé n’est pas bon. On fait encore appel à la responsabilité individuelle des familles pour scolariser leurs enfants ces deux jours-là. Et on se sert de l’école comme variable d’ajustement au dernier moment. Mais elle n’est pas une garderie », déclare Stéphane Crochet. « Le gouvernement fait encore passer le message que l’école est à la carte, alors qu’elle est obligatoire. Cela dénote un certain mépris pour notre métier », renchérit Guislaine David.

Et la suppression de deux jours de classe, même avant les vacances, n’a rien d’anodin selon les enseignants. D’autant que les élèves ont accumulé du retard scolaire​ l’an dernier à cause du confinement et de la reprise de la classe en pointillé à la fin d’année dernière. « Dans beaucoup de lycées, où les cours ont lieu en demi-groupes, chaque jour de classe est rentabilisé pour avancer le plus possible dans les programmes. Donc si certains élèves ne sont pas là jeudi et vendredi, ils devront rattraper le travail sous peine d’être pénalisés », note Stéphane Crochet. « Chaque jour d’école compte, notamment pour les élèves en difficulté. Et les deux derniers jours avant les vacances, les bulletins aux élèves sont souvent remis. Certains seront donc en vacances dès ce mardi soir et ne l’auront pas. Par ailleurs, la fin d’année est souvent l’occasion de prévoir des rendez-vous parents – profs pour parler de la scolarité des élèves », souligne Guislaine David.

Pas sûr que les familles saisissent la balle au bond

Reste à savoir comment vont réagir les parents. « Beaucoup d’entre eux ne vont pas pouvoir s’organiser pour pouvoir garder leurs enfants à la maison. Cela va créer une rupture d’égalité entre ceux qui peuvent le faire, et donc protéger leur famille avant les fêtes, et les autres. Si on avait voulu protéger tout le monde, il aurait fallu fermer les écoles pour ces deux jours en prévenant les familles bien à l’avance pour qu’elles puissent s’organiser », estime Guislaine David.

« Et pour que cette mesure ait un sens, il faudrait que les familles s’autoconfinent complètement, ce qui signifie qu’elles arrêtent de faire des courses de Noël dans les prochains jours. Je ne pense pas que beaucoup d’entre elles le fassent », ajoute Stéphane Crochet. Visiblement conscient des réactions négatives relatives à l’annonce de Jean Castex, le ministre de l’Education s’est fendu d’un tweet en fin d’après-midi précisant que « tous les élèves seront scolarisés jusqu’au 18 décembre » et que les absences de ceux qui voudraient
s’autoconfiner seraient « tolérées ». Une manière de sous-entendre le caractère exceptionnel de la mesure…

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